Édito
Comme les résonances d’un geste qui traverse l’espace, les festivals Karavel et Kalypso dessinent, depuis plus de 15 ans, une cartographie sensible du hip-hop. Un art en mouvement, en expansion, en dialogue constant avec les territoires et les êtres qui les habitent.
Né à Bron, Karavel a déployé son impulsion territoriale jusqu’aux confins de la Métropole de Lyon et au-delà, insufflant son énergie à la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette année, Clermont-Ferrand rejoint l’aventure, en écho au travail initié par Les Trans’urbaines. En Île-de-France, Kalypso poursuit sa trajectoire ascendante : il prend aujourd’hui racine dans le quartier culturel FAST de Romainville, futur épicentre du festival. Deux festivals jumeaux, deux battements de cœur qui scandent la vitalité d’une danse sans cesse renouvelée.
Sur les scènes, dans les villes, sur les places et dans les écoles, une chorégraphie invisible se trace : celle d’une communauté d’artistes — figures majeures ou voix émergentes — qui, par leur puissance d’évocation, leur audace et leur engagement, transcendent les frontières et sociales. Karavel et Kalypso, ce sont trois mois de danse comme un manifeste vivant. Un élan collectif qui affirme, dans un contexte de fragilité pour le secteur culturel, la nécessité de créer, de transmettre, de faire corps ensemble.
Car la danse est plus qu’un art : elle est un langage, une résistance, un pont. Elle est ce souffle qui traverse les générations, ce pas vers l’autre, cette invitation à repenser le monde. Elle est, comme le disait Jean-Louis Barrault, « une lutte contre tout ce qui retient l’homme ». Un acte de libération, autant que de communion.
Cette édition met à l’honneur une nouvelle génération d’artistes — Dexter, Manon Bouquet, Noé Chapsal, Viola Chiarini — aux côtés de compagnies fidèles qui irriguent le tissu local d’une inventivité féconde. Elle célèbre aussi les présences affirmées de femmes chorégraphes comme Paradox-Sal, Marlène Gobber ou Oona Doherty, qui redessinent avec force et singularité les contours de la scène hip-hop. Autant de regards neufs qui enrichissent l’héritage commun.
Les festivals accueillent également des œuvres phares du répertoire : Beauséjour ou Boxe Boxe Brasil de la compagnie Käfig, Memento de la compagnie Mazelfreten ou encore Level Up d’Amala Dianor. Des spectacles qui continuent de rassembler, porteurs d’émotion et d’émerveillement.
Grâce à l’engagement précieux de nombreux partenaires, Karavel et Kalypso sont bien plus que des festivals : ce sont des mouvements artistiques profondément ancrés dans le réel, des invitations à ouvrir l’imaginaire, à faire du territoire une scène, du quotidien une danse.
Mourad Merzouki, Directeur artistique